Rappel : Nous vivons encore dans une monarchie.
1 Décembre, 2021Cette semaine, la Barbade se débarrassait officiellement de la monarchie et devenait une république. Sandra Mason, qui a été élue pour ce poste il y a quelque semaine, devient officiellement la première présidente de l’histoire de la Barbade. Cela me semble une belle opportunité de rappeler que le Canada, et par extension le Québec, est toujours une monarchie.
Mardi, la nouvelle présidente déclarait que, pour la Barbade, avoir une cheffe d’état Barbadienne était « l’ultime preuve de confiance en qui nous sommes et en ce que nous sommes capables d’accomplir ». Le Québec, malheureusement, n’a pas encore eu la sagesse de se doter d’un chef d’État québécois. Non, à la place, nous gardons un système hérité d’un empire colonial qui nous rappelle les morceaux déprimants de notre passé, nommément l’occupation et la conquête britanniques. Principalement par manque de courage politique, nous avons encore un système politique désuet qui place à la tête du Québec et du Canada des plantes vertes qu’on nomme « Gouverneure Générale » ou « Lieutenant Gouveneur ». Sur chaque sou et chaque billet de banque, le visage de notre monarque nous rappelle que nous ne sommes pas maîtres chez nous.
Outre l’argument souverainiste ou nationaliste de l’abolition de la monarchie, n’oublions pas l’essence même de ce qu’est la monarchie. En tout premier lieu, la monarchie est une insulte à la démocratie, puisque personne n’a voté pour la reine. La même chose est vraie pour ses représentants au Canada. Les pouvoirs qui leur sont délégués, qui sont surtout symboliques, mais tous de même existants, sont fondamentalement illégitimes dans une société dont les institutions clament vouloir être représentatives de la volonté du peuple.
Ensuite, il ne faut pas oublier l’essence anti-égalitaire de la monarchie. La monarchie est un système qui classe les individus selon leur naissance. Si c’est la reine qui est notre cheffe d’État, ce n’est pas à cause de ses compétences ou de ses talents, c’est seulement parce qu’elle a eu la chance de naître dans la bonne famille, dans la dynastie supposément choisie par Dieu pour régner sur le Commonwealth. Cela nous dit déjà à quel point ce système vient d’une autre époque. Il va à l’encontre du principe fondamental de la démocratie
libérale, celui selon lequel n’importe qui peut arriver n’importe où dans la vie s’il travaille assez fort pour s’y rendre. Or, peut-être ce qu’on fait, aucun Québécois ne sera jamais chef d’État du Québec. Parce que suivant la monarchie britannique, les êtres humains ne sont pas nés égaux.
Il serait plus que temps que le Québec suive l’exemple de la Barbade et se débarrasse de cette vieille monarchie inutile pour établir une république digne de ce nom. Évidemment, le Québec ne pourra jamais abolir la monarchie tant et aussi longtemps que nous sommes une province canadienne.
Il est temps de redonner au peuple québécois ce qui lui revient, ses droits, ses lois, sa dignité et sa liberté. Il est temps que le Québec devienne un pays. Comme la Barbade, nous devons mettre le passé là où il mérite d’être, dans les livres d’Histoire, et avancer vers la prochaine étape de notre Histoire nationale.
Portrait de la Reine Elisabeth II© 2017 Ian Leslie Macdonald